Les années Mobutu

Recours à l'authenticitéColl. MRAC Le recours à l'authenticité et la zaïrianisation

Le Congo a acquis son indépendance politique. Mobutu veut le faire accéder à l'indépendance culturelle et économique.

Le recours à l'authenticité marque la rupture avec la culture importée et imposée par le pouvoir colonial : il s'agit de faire disparaître les traces de l'époque coloniale et de se réclamer « authentiquement congolais ». Chaque Congolais né d'un parent congolais devient un citoyen congolais : de cette manière, ceux qui n'étaient pas reconnus par leur père européen sont inclus dans la nation congolaise. Le pays, le fleuve, l'argent, les villes et les Congolais prennent tous un nom « congolais ». Les hommes portent l'« abacost » (littéralement « à bas le costume ») et les femmes le pagne. Mobutu rejette la démocratie et le multipartisme en se réclamant des « traditions bantu ». En même temps, il remet aux femmes le pouvoir politique dont elles étaient privées sous le régime colonial : il leur accorde le droit de vote et nomme des femmes à de hautes fonctions dans son gouvernement, dans l'administration et dans le parti unitaire, le MPR (Mouvement populaire pour la révolution). Le soutien des femmes comme celui des musiciens est au cœur de l'authenticité : Mobutu fait du pagne, de la musique et de la danse des outils de propagande. L'authenticité à laquelle il se réfère est largement le produit de la colonisation et des relations avec l'Europe.

Deux ans après sa prise de pouvoir, Mobutu nationalise l'Union minière du Haut-Katanga qui devient la Gécamines. En 1974, toutes les entreprises sont nationalisées. La même année, le pays est touché par une crise économique, tandis que les nouveaux propriétaires de biens économiques et financiers ne sont pas suffisamment préparés pour assurer la gestion des entreprises. La zaïrianisation est un échec et Mobutu est forcé de revenir à une économie mixte.