Table Ronde
Séance inaugurale au Palais des Congrès20/01/1960
African Jazz au Plaza |
La Table Ronde politique Palais des congrès de Bruxelles, La première table ronde aboutit rapidement à un accord sur le principe de l'indépendance immédiate du Congo : la date est fixée au 30 juin. En revanche, les discussions quant au contenu de l'indépendance et à la forme du futur État congolais sont confuses. Au cœur des débats, l'économie et la question sociale préoccupent les leaders congolais, mais ils n'obtiennent des Belges aucune réponse claire aux problèmes posés. Pourtant, de retour au pays, chacun des participants dira : « Je vous ai ramené l'indépendance » – sous-entendu : la liberté et la richesse. Le 27 janvier 1960 marque un tournant dans les discussions. Patrice Lumumba, emprisonné au Congo puis libéré à la demande de la délégation congolaise, est arrivé à Bruxelles le 26 janvier ; dès le lendemain, il intervient à la Table ronde. Les Belges proposent un roi souverain des deux nations, Belgique et Congo ; les Congolais défendent la création d'un État congolais souverain, sous la formed'une république. La Belgique souhaite garder les ministères des Finances, de la Défense et des Affaires étrangères. Les Congolais, eux, proposent que les fonctionnaires belges qui restent au Congo aient la qualité de conseillers, de techniciens : ils prendraient la nationalité congolaise et auraient le même statut (y compris financier) que les Congolais. Lumumba pose et repose la question de l'avenir des deux bases militaires belges au Congo : les Belges répondent qu'elle ne sera réglée qu'après le 30 juin. Dans les faits, ils en décideront avant, lors de la Table ronde économique – où les Belges s'arrangent pour conserver le contrôle militaire. >> Schéma de la Table Ronde belgo-congolaise >> Portraits de la Table Ronde politique Indépendance cha cha !« En 1959, les politiciens étaient conviés à aller négocier l’indépendance à la Table ronde de Bruxelles. Monsieur Thomas Kanza eut l’ingénieuse idée d’envoyer un télégramme chez son frère Philippe Kanza, il lui demandera de composer l’orchestre mixte duquel se retrouvaient les musiciens de l’orchestre OK Jazz et de l’African Jazz. Nous avons accepté cette offre, moi et Vicky Longamba et du coté de l’African Jazz, Nico, Déchaud, son frère et Izeidi, mais sans oublier lui-même Kabasele. Nous sommes allés à sept personnes à la Table ronde. » Extrait de l’interview d’Armand Brazzos, à Kinshasa, au printemps 2009. Indépendance cha cha ! - La chansonDans les chansons Indépendance Cha Cha et Table ronde, les musiciens souhaitaient raconter l’histoire telle qu’elle était en train de s’écrire. Indépendance Cha Cha évoque les noms des délégués congolais les plus importants et de leurs partis ; Table ronde mentionne également les délégués belges. Indépendance Cha Cha est probablement la plus célèbre des chansons congolaises. Elle deviendra par la suite l’hymne d’autres indépendances africaines. La chanson congolaise est un instrument de communication privilégié ; la chanson politique, en particulier, occupe une place importante dans la société congolaise. Indépendance cha chaIndépendance cha cha tozui e ASSORECO na ABAKO baykani moto moko Na MNC na UJEKO ABAZI na PNP Indépendance cha cha nous l'avons acquise L'ASSORECO et l'ABAKO s'entendent comme un seul homme Du MNC à l'UJEKO De l'ABAZI au PNP Indépendance cha cha – Joseph Kabasele et l'African Jazz, La Table Ronde économiquePalais des congrès de Bruxelles, Le principe de l'indépendance acquis, la seconde table ronde a pour objectif d'en examiner les prolongements financiers, éco- nomiques et sociaux. Mais les leaders congolais sont absents : ils préparent les élections du 15 mai en vue de la formation de leur futur gouvernement. En pleine campagne électorale, Patrice Lumumba (MNC), Joseph Kasavubu (ABAKO) et les autres leaders envoient des étudiants les représenter à la Table ronde économique – d'aucuns diront qu'ils étaient trop jeunes et trop peu expérimentés. Mais pour Kasavubu, la seule utilité de cette rencontre est de « regarder ce qu'il y avait dans les dossiers » ; il en demandera des comptes via un communiqué de presse. Or, dans ces dossiers, il y a notamment la question des réserves de la Banque centrale : autrement dit, le portefeuille de la colonie, estimé entre 35 et 37 milliards de francs belges. Les Belges, eux, sont très bien préparés et ils vont récupérer ce que, pris de court lors de la première table ronde, ils avaient cédé sur le plan politique, à savoir : le maintien des fonctionnaires belges, de leurs deux bases militaires et de ce « portefeuille » considérable qui est à l'origine du contentieux « belgo-congolais ». Au sortir de cette deuxième table ronde, les Belges ont formé le voeu d'un Congo décolonisé politiquement mais économiquement sous contrôle. |