République du Burkina Faso

Indépendance 5 août 1960

  • République du Burkina Faso
    (Haute-Volta jusqu'en 1984)
    (ancienne colonie française / langue coloniale : français)
  • Capitale : Ouagadougou
  • Monnaie : franc CFA
  • Territoire : 274 000 km2
  • Population : 14 millions (2009)
  • Langues : mosi ou mooré et une soixantaine de langues dont le fulfulde, le diula, le bisa, l e lobi, le lyélé et le marka
  • Langue officielle : français

Histoire

S'il est des pays miraculés de la colonisation, la Haute-Volta (nom colonial de l'actuel Burkina Faso) en fait certainement partie. Et ce n'est pas le moindre paradoxe de ce territoire où ont persisté, sur une très longue durée, des unités politiques remarquablement organisées et indépendantes des grands empires et royaumes qui ont marqué l'histoire ancienne des pays soudanais sur près d'un millénaire, du xe siècle environ au xixe : Ghana, Mali, Songhaï, Ségou et Macina. « Indépendance » ne signifie nullement antagonisme et conflit avec ces entités politiques. Si les royaumes mossi, dont celui de Ouagadougou, ont maintenu vivaces leurs croyances aux cultes locaux, malgré l'emprise de plus en plus grande de l'islam en Afrique de l'Ouest, les « relations de plaisanterie » qui lient tous les peuples burkinabé et leurs voisins, du Sénégal au Niger, attestent d'une longue familiarité et d'échanges soutenus. À Ouagadougou même, le Mogho Naba perpétue de nos jours les rites royaux d'autrefois. La colonisation française déferla sur ce territoire avec une rare brutalité, dont l'épisode le plus connu reste la sanglante mission Voulet-Chanoine qui chercha à s'emparer du pays en 1897. La « pacification » fut longue, signe de résistances multiples et durables. Non sans paradoxe, la bravoure attestée des peuples « voltaïques » poussa l'armée française à les recruter en masse lors de la Grande Guerre : d'où, en 1916, une mémorable insurrection, difficile à contenir malgré une répression féroce. La colonie ne vit officiellement le jour qu'en 1919 comme partie intégrante de l'AOF. La rigidité du système colonial français et l'attrait des emplois et des salaires de la Gold Coast (le Ghana moderne) poussèrent de nombreux jeunes Voltaïques à émigrer vers la colonie anglaise, au grand dam des planteurs français de la Côte-d'Ivoire et des projets de « mise en valeur » échafaudés après la Grande Guerre. La Haute- Volta fut ainsi rayée de la carte en 1932 et redistribuée entre ses trois voisins – le Niger, le Soudan français (le Mali moderne) et, surtout, la Côte d'Ivoire. La colonie ne renaîtra qu'en 1947 lorsque, inquiets des relations étroites des élus et politiciens ivoiriens avec le Parti communiste français, l'administration coloniale reconstitua une colonie réputée conservatrice. La marche à l'indépendance se fit sans heurt dans le cadre de l'AOF. Mais le pays souffrait des rivalités politiciennes qui se prolongèrent bien au-delà de 1960 et finirent par pousser à la révolte, voire à la révolution, de jeunes officiers dirigés par Thomas Sankara. Au pouvoir de 1983 à 1987, celui-ci fit de la Haute-Volta le Burkina Faso (« Pays des hommes intègres ») dans un élan nationaliste et panafricain. La longue pratique migratoire vers la Côte-d'Ivoire, imposée en fait par l'administration française, constitue une source de tension entre les deux États et l'un des héritages empoisonnés de la colonisation.

Elikia M'Bokolo (EHESS/UNIKIN)