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Schéma d'une ville congolaise

Le système colonial est un système d'inégalités de droit et de fait entre colonisateurs et colonisés, basé sur la différenciation raciale.

Contrairement à la Constitution belge, la Charte coloniale – qui est son équivalent dans la colonie – reconnaît l'existence de différentes « races ». Dans la classification qu'elle opère de la population congolaise, l'administration coloniale distingue ainsi des « races » et des groupes ethniques ; de façon générale, elle classe les individus selon leur degré de « civilisation ». Les Congolais ont beau avoir la nationalité belge de statut colonial, ils ne peuvent accéder à la pleine citoyenneté et jouir des mêmes droits que les Belges. La société coloniale est très diversifiée : à côté des Belges et des Congolais, on trouve des personnes de nationalités et d'origines diverses – africaine, asiatique et européenne.
Mais dans les faits, les Grecs, les Portugais et les juifs européens ne sont pas considérés comme des Européens et constituent une « classe intermédiaire ». Un décret de 1918 impose la séparation des « races » dans les villes : cette ségrégation est la plus marquée au Katanga, région industrielle dont l'économie repose sur le copperbelt, littéralement « la ceinture de cuivre », qui s'étend jusqu'à l'Afrique du Sud. Enfin et surtout, le maintien de la ségrégation implique l'interdiction des relations sexuelles entre Africains et Européens. Si les mariages entre les deux groupes ne sont pas interdits, ils sont extrêmement rares et se limitent à des unions entre hommes européens et femmes africaines, l'administration ne considérant même pas la possibilité d'un mariage entre un homme africain et une femme européenne.


Schéma d'une ville congolaiseRéné Schoentjes, in: Bulletin des Séances, Institut Royal Colonial Belge, Bruxelles, 1933,
MRAC Bibliothèque centrale, P124